vendredi 30 juin 2017

Bonnie & Clyde

Alors voilà, Clyde a une petite amie
Elle est belle et son prénom c’est Bonnie.
Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde…
Clyde prend le métro pour le centre-ville de Buenos Aires.
Bonnie ouvre une boite pour chat.

« Dans le métro, il frappa dans ses mains en rythme devant un homme qui chantait en s’accompagnant à la guitare, il cria « Oh yeah ! », éclata de rire et regarda autour de lui. Les gens le regardait fixement, cela le mit mal à l’aise. Il rentra chez lui. Se masturba deux fois. Vomit. Avala un médicament. S’endormit. »

Ce soir, Bonnie & Clyde se rencontrent pour la première fois, autour d’une calzone et d’un jus de légumes aux couleurs gerbantes, après avoir passé beaucoup de temps à se connaitre, à échanger des mails sur leurs ordinateurs Lenovo, à s’écrire des SMS sur leurs derniers Samsung S Galaxy, à se regarder sur Skype… Un peu geek, mais follement amoureux. Deux âmes solitaires qui vivent dans leurs piaules avec leur chat respectif.

D’un esprit un peu fou, un peu foutraque, ils vagabondent dans les rues de Palermo, la tête dans les étoiles, les rêves plein la tête, rêves d’étoiles, rêves de hold-up, rêves d’un monde bizarre. Les fantasmes rythment leurs journées, leurs nuits, leurs tchat. Ou pas. Ils entrent dans la réalité subitement pour s’évader la seconde d’après, couple moderne des nouvelles technologies.



« Clyde dit à Bonnie qu’il fallait bien préparer le hold-up et que le meilleur endroit pour cela était la librairie-café Etrena Cadencia, à l’angle Honduras-Fitz Roy. Il y était déjà allé une fois avec Moe ! pour discuter de l’influence du programme spatial américain sur l’œuvre de Thomas Pynchon, ou inversement.
Bonnie commanda un gâteau au chocolat meringué et un thé, Clyde commanda un café court.Bonnie dit : « J’ai envie de nager dans un lac de meringue. »Clyde dit : « J’ai envie de pisser dans un lac de meringue croquante et de l’écouter craquer et fondre. »Bonnie lui dit qu’il était trop bête et que s’il continuait à dire ce genre de choses et à la faire rigoler comme ça, elle allait finir par faire dans son froc. Clyde la supplia de ne plus utiliser d’expression en rapport avec la défécation. »

Clyde rêve d’être écrivain. Écrire à la façon des grands classiques d’antan et ne surtout pas chier des romans de littérature post-modernisme à la noix. Pour ça  qu’il a toujours son carnet avec lui, chaque phrase est susceptible de s’y inscrire, de s’y inspirer. Bonnie fait des études de mode, mais presque en dilettante. Ce soir, par exemple, elle veut voler au zoo de Palermo un lièvre de Patagonie pour le libérer de cette société moderne qui l’a emprisonné dans une cellule grillagée. Demain, elle aura certainement envie de faire des gnocchis ou qui sait devenir plombier.
A cet âge-là, les avis changent et diverges comme dix verges devant une prostituée aussi vieille que bandante.    

« Ils se tenaient la main en marchant vers la place Cortazar, passèrent devant la porte d’un bar de nuit qui s’appelait Mundo Bizarro et qui sembla à Clyde (vu le grand soleil qu’il faisait au-dehors) nu et vulnérable comme une prostituée à l’heure du thé, bien qu’il n’ait jamais connu de prostituée nue et vulnérable à l’heure du thé. L’idée lui parut évocatrice, il la nota dans son carnet d’écrivain. »

Comme un conte moderne sur la modernité de l’amour, les situations affrontent autant la banalité que la cocasserie, les marques défilent autant sur les écrans que dans nos têtes, syndrome de notre monde devenu malade de sa publicité et de la littérature postmoderne. Les rêves deviennent surréalistes ou est-ce la réalité de la vie qui s’emporte dans les rêves de ces deux jeunes amoureux. Qui n’a pas rêver de délivrer, libérer un lièvre de Patagonie pour le rendre à son environnement naturel, à moins qu’il ne se fasse écraser par un camion aux abords de la sortie Sud de Palermo ? Qui n’a pas eu le profond désir de pisser dans un lac froid de Patagonie après y avoir plongé, le corps nu, juste réchauffé par les rayons solaires de la lune bleue ? Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde…

« Puis il se retrouva au supermarché chinois dans le rayon whisky, mit une bouteille de Johnnie Walker rouge dans son panier en plastique et réapparut au rayon charcuterie pour se choisir un boudin noir.
Il fut bientôt de retour à son appartement, mangea son boudin froid avec la peau, arrosant le tout de Johnnie Walker au goulot. Ensuite, il étala du ketchup Hellmann’s dans une serviette Sussex et la lécha. Vomit. Goba un médicament. S’endormit. »

« Te Quiero », J.P. Zooey.


16 commentaires:


  1. Pisser dans un lac froid de Patagonie, ne fera pas remonter la température de l'eau pour autant. Johnnie Walker par contre, je suis toute ouïe.
    Bon w-e Bison

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    1. Pisser dans le lac, si ça ne le réchauffe pas, ça fera certainement remonter le niveau de l'eau. Par contre, je suis contre y vider la bouteille de Johnnie, que cela soit pour la température ou pour le niveau :-)

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  2. Johnny Walker rouge et boudin noir froid j'ai jamais essayé mais je pense que je dégueulerais. Bon week-end à toi

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    1. Sinon, tu as l'alternative Johnny Walker noir et boudin blanc...

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  3. Il ne m’est jamais passé à l’esprit de pisser dans un lac de meringue le cul à l’air et les joes au vent. Mais l’expérience est tentante... :D
    Blue moon, Tabarnak...

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    1. Si tu as un lac en face de toi, tu sais quoi y faire maintenant, pour laisser l'empreinte de ton passage dans notre monde...

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  4. Bien vu. Biolay me semble la parfaite BO de cette histoire. Miss miss, Palermo Queens et donc Palermo spleen : Entre tes cuisses tu calais ta 8.6 / Et moi Miss Miss je voyais le précipice / Soleil et solstice / Roller coaster Polaris / Nos bouches complices / Ne pouvaient dire qu'un mot sur dix.

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    1. entre tes cuisses, une 8.6. J'adore. La plus belle phrase, la plus magnifique des rimes...

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  5. Cela le mis...
    Oui j'aime faire mon instit le dimanche . Il y a une autre coquille... Un s au lieu de ent mais ça fait chic.

    Aaaaaaaaaaah Benjamin sur les vestiges de sa vie !

    Est ce que tout cela finit dans un bain de sang ?

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    1. Instit le dimanche, et le reste de la semaine tu fais quoi ? :-)

      Est-ce que les histoires d'amour finissent dans un bain de sang, en général...

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    2. Je garde donc le s, surtout si ça fait plus chic (au bout d'une verge, ou de dix)

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  6. c'est bien, tu as corrigé "cela le mit" !!

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    1. je suis toujours bien discipliné et fait ce qu'on me dit de faire :)

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  7. Pisser dans un lac gelé non! mais j'ai toujours se fantasme de pisser debout comme un homme !
    Ben quoi !!!

    Te quiero ... un livre dans ma PAL à lire et relire !

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    1. et se prendre pour Brigitte Bardot...

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    2. "J'ne reconnais plus personne en herley Davidsoooooon" aaahhhh wèèèèèèèèèè ... je me vois bien avec la combi seconde peau à l'arrière de la moto ;-)

      et puis en pissant debout je ferai des dessins contre les arbres ptdrrrrrr ^^

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